Bruxelles bobo a le blues : quand la gentrification chasse les pauvres du centre-ville
mardi 4 novembre 2008
Longtemps épargnée par le phénomène, Bruxelles subit depuis une dizaine d’années la gentrification de ses quartiers du centre-ville. Le réinvestissement par des classes sociales aisées de Bruxelles annonce-t-il la bonne santé de la Région mais le départ en masse de ses pauvres ? Géographe à l’ULB, Mathieu Van Criekingen décode cette évolution et nous met en garde contre ses conséquences sociales.
dessin Emmanuel Tete
Qui peut encore se loger à un prix raisonnable à Bruxelles ? La crise du logement s’est étendue aux revenus moyens. Selon la dernière enquête de l’Observatoire des loyers en Région de Bruxelles-Capitale, les ménages moyens n’ont plus accès qu’à 21% du marché locatif bruxellois, contre encore 38% au début des années 1990. Quant aux ménages les plus pauvres [3], c’est 4% du marché locatif privé qui leur est encore accessible !
On peut affirmer qu’un ménage bruxellois sur deux consacre plus de 40% de son budget au logement, au détriment d’autres dépenses telles que l’éducation, la santé, les loisirs. Habiter aujourd’hui en ville est une réalité de plus en plus difficile. Or c’est là que ce trouve les viviers d’emplois.
Pour corroborer ce constat, il faut noter que depuis quelques années, l’on assiste à une évolution démographique bruxelloise. Une nouvelle population qu’on peut qualifier d’aisée s’installe dans les quartiers centraux où habitent souvent des immigrés fragilisés sur le plan économique [...]
Lire également l’article de Mathieu Van Criekingen « Comment la gentrification est devenue, de phénomène marginal, un projet politique global » dans le N° de la Revue Agone, Villes et Résistances sociales